vendredi 2 novembre 2007

Séance spéciale István Szabó

Vendredi 2 novembre
18 h

Te (Toi)
(1963) court-métrage (11 minutes) primé à Cannes

- J’ai fait un rêve étrange. Tu m’écoutes ?
- Je t’écoute.
- On courait sur le boulevard, on sonnait à chaque porte et on demandait aux gens de tomber amoureux…
- Qu’est-ce qu’ils répondaient ?
- Certains avaient peur et s’enfuyaient. D’autres disaient : «Tiens, pourquoi pas ? Ca ne m’était pas venu à l’esprit ». Et ils tombaient vraiment amoureux …»
25, rue des sapeurs
Long métrage (1974)


Dans un vieil immeuble budapestois promis à une démolition prochaine, une nuit chaude où personne ne dort vraiment. Les locataires revivent en désordre des moments du passé ou les rêvent ; les images de la guerre et de la libération se mêlent au présent ou à la période des années 50…Un film tissé des fragments épars de la mémoire du cinéaste : la trousse du médecin, le manteau de cuir, le tram jaune, autant d’images de ses films précédents qui resurgissent.. et de la fantaisie et de l’imagination de ses personnages. Les souvenirs privés se fondent dans la mémoire collective.
Le temps est « réel ou mythique, rêvé ou vécu, qu’importe…(…) Les images de la mémoire se dérobent. L’imagination prend le relais, l’imagination, la folle du logis…» (Jean-Pierre Jeancolas, critique de cinéma, auteur de L’œil hongrois).

Kontroll, un western urbain

KONTROLL
Un film d'Antal Nimrod

PRIX DE LA JEUNESSE CANNES 2004
Vendredi 2 novembre à 20 h 30


"Rires en cascade .. et humour noir garantis " Variety
Vous n’avez jamais eu, à un moment donné, l’envie de sortir de votre milieu, de votre vie habituelle? Trouver une cachette idéale, loin du monde ? Ce moment est arrivé dans la vie de Bulcsú, (prononcez Boult’chou), 20 ans …
Non seulement Boul’tchou dirige une équipe de contrôleurs du métro de Budapest, une drôle d’équipe de « bras cassés », mais il vit carrément dans les entrailles de la capitale...
Ce film est un western urbain assez déjanté, parodie post-moderne du bon, du méchant et du truand… dans un décor souterrain. Les bons : les contrôleurs qui essaient désespérément de faire leur métier. Les méchants : les voyageurs, champions du sport national qui consiste à frauder la société de transport budapestoise. Le truand : un mystérieux assassin qui hante les souterrains…Avec l’excellente musique du groupe électro Neo.

Ecouter la musique du film :
http://www.neo.hu/ puis cliquez sur Videok et sur Kontroll.


La projection sera précédée du court métrage Après la pluie de Péter Mészaros


PALME D'OR DU COURT METRAGE A CANNES en 2004

jeudi 1 novembre 2007

SILENCE ET CRI

JEUDI 1er et DIMANCHE 4 novembre à 18 heures
à la Filmothèque Quartier latin
9 rue Champollion Paris 5ème
01 43 26 84 65

UN CHEF D'OEUVRE DE Miklós Jancsó : SILENCE ET CRI (1968)

En 1919, pendant l’écrasement de la République « rouge » par l’armée austro-hongroise, un partisan se réfugie dans une ferme isolée. Un officier semble le protéger tout en jouant au chat et à la souris avec lui. Dans ce face-à-face tendu jusqu’au drame, Jancsó signe là l’une de ses œuvres maîtresses.

Entretien avec Yvette Biro
critique de cinéma
Professeur émérite de l'Université de New York

Pourquoi ce titre, silence et cri ?

Les auteurs, Gyula Hernadi et Miklós Jancsó, ont voulu, tout à fait consciemment, puiser leur inspiration chez Bergman (qui avait réalisé "le silence") et Antonioni (auteur du "cri"). Ces deux grands du cinéma ont clairement été une référence. Bien sûr, silence et cri sont antonymes. D'un côté, le mutisme, l'apparente tranquillité, les eaux dormantes et de l'autre ....Le cri qui appelle la révolte, la violence.

La violence est-elle le thème central de ce film ?

Oui, la violence est là, liée à la terre, à la haine, à l’envie et à la persécution. Le partisan se cache dans une ferme isolée où vit une famille. Et même dans la famille, il y a une violence énorme, cachée. Il y a une histoire d'empoisonnement liée à l'héritage. Mais au lieu de montrer la violence de façon didactique, Jancsó la traite de manière austère. Sa caméra découvre la liberté de l’espace et plonge le spectateur dans le même vertige, la même menace que les protagonistes. J'ai suivie le tournage et c'était une grande innovation stylistique à l'époque, cette caméra qui tourne sur 360 °. Il avait déjà élaboré cette chorégraphie dans Psaume rouge ; ici il la maîtrise superbement. Cela donne beaucoup de force au film. Car au lieu d'expliquer ce qui se passe, les personnages ne disent rien. Il faut comprendre ce qui se passe sous l'apparence des choses. Et l'apparence est cruelle, mais la cruauté n'est pas forcément là tout le temps, à chaque minute.

En quoi ce film peut-il intéresser le spectateur d'aujourd'hui ? Nous parle-t-il de quelque chose d'universel ?

A travers la dynamique sensuelle des images, nous comprenons que ce ne sont pas forcément les paroles prononcées qui font le plus mal. Ce film nous parle d’une loi universelle qui régit même les sociétés les plus sophistiquées comme la nôtre : la loi de la violence sous-jacente, non domestiquée, qui éclate inéluctablement. Là où il y a répression, il y a révolte. Et les deux côtés pratiquent la violence, les oppresseurs…comme les opprimés. »

Yvette Biró, critique et théoricienne du cinéma, s’est imposée en Europe et aux États-Unis par des essais fondamentaux qui concernent aussi bien les amateurs de cinéma que les chercheurs et les étudiants. Elle vient de publier « Le temps au cinéma » aux Editions Aléas.
« Ce nouvel ouvrage aborde un thème qui a été central pour le 7e Art dès ses origines mais qui nous concerne aujourd’hui plus que jamais : celui du temps. Yvette Biró dans une série de chapitres magistraux – à la fois complexes et dépourvus de tout jargon – aborde toutes les facettes de cette problèmatique, aussi bien esthétique que philosophique.Dans le cinéma contemporain les œuvres dominant sur le marché priviligient la vitesse, le rythme rapide, le montage court. L’auteur met en valeur un autre cinéma de résistance, cinéma du silence, de la contemplation, de la rêverie qui va de certains réalisateurs asiatiques à Angelopoulos, Kiarostami, Wenders, Kieslowski, Gus Van Sant ou à ses compatriotes Béla Tarr et Miklós Jancsó.En ce sens son livre est une contribution essentielle sur un courant majeur de l’art contemporain. »
Michel Ciment